Les Potier de Gesvres, barons de Montjay, ont laissé leur marque dans l’église, sur les cloches et sur les litres funéraires.
Baptême des cloches en 1773
Au XVIIIème siècle, il y a trois cloches dans l’église de Villevaudé. Deux sont bénies le 28 novembre 1773, premier dimanche de l’Avent « entre midy et une heure » en présence de M et Mme De Lestain, greffier et tabellion de la baronnie de Montjay représentant les parrains et marraine.
La moyenne pèse 545 livres, se nomme Louise Françoise. Le curé Dossier nous dit qu’elle a pour parrain : « Très haut et très puissant Sgr, Monseigneur Louis Joachim Paris Potier de Gesvres, duc de Gesvres, Sgr de Coetjanval, cranhac, le bignon, la Roberie, St Léonard des Bois et vaux, marquis de Gesvres et en survivance de Mr le duc de Tresmes, pair de France son père, Gouverneur et Lieutenant Général pour le roy de la province de l’isle de France ; gouverneur particulier des villes et châteaux de Soissons, Laon et du ponteau de mer ; lieutenant pour sa majesté au bailliage de Rouen, capitaine et gouverneur des châteaux et capitaineries Royales de Montceaux ». Et pour marraine : « Très haute et très puissante Dame Madame Françoise Marie Du Guesclin, Duchesse de Gesvres. »
La plus grosse cloche, pèse 747 livres et se nomme Marie Estiennette Françoise. Son parrain est « Eminentissime et Reverendissime Sgr Monseigneur estienne René Potier cardinal de Gesvres ancien evesque, comte de Beauvais, vidame de Gerberoy, pair de France, Commandeur de l’ordre du St Esprit, Baron de Montjay »*. La marraine est la même que la seconde cloche : « Dame Françoise Marie Du Guesclin, Duchesse de Gesvres. ».
*Étienne-René Potier de Gesvres, est né le 2 janvier 1697 à Paris. Le cardinal de Gesvres est le fils de François Bernard Potier, duc de Gesvres (1655-1739) et de Marie Madeleine Louise de Seiglière (1664-1702). Il est nommé évêque-comte de Beauvais, pair de France, vidame de Gerberoy, le 18 février 1728, sacré le 30 mai suivant, créé cardinal en avril 1756 et fait commandeur de l’ordre du Saint-Esprit en 1758. Il s’est démis de son évêché en 1772, et est mort à Paris au mois de juillet 1774. Son épiscopat dura quarante-quatre ans durant lesquels il s’occupa réellement des intérêts de son diocèse, ce qui n’était pas habituel au XVIIIème siècle. Il favorisa l’établissement des blanchisseries. Il laissa une somme considérable au bureau des pauvres.
Son portrait, un tableau classé, par le peintre italien Pompeo Batoni date de 1758.
Litres Funéraires dans l’église de Villevaudé
Durant les travaux de la fin de 20ème siècle, dans l’église, des litres funéraires* ont été restaurées.
*Constituées d’un bandeau noir orné d’armoiries, les litres sont peintes en signe de deuil sur les murs intérieurs ou extérieurs de certaines églises paroissiales après le décès du patron (celui qui a bâti, fondé ou doté une église) ou du seigneur du lieu. Cette pratique dont l’usage est apparu dès le 12ème siècle avec la codification des armoiries, s’est répandue dans de nombreuses églises paroissiales au 17ème et 18ème siècles avant de disparaître avec l’abolition des privilèges en 1789.
Ces litres ont fait apparaître plusieurs armoiries disposées de manière régulière et répétées plusieurs fois, sur les deux bandes noires que forment les litres.
Malheureusement, ces armoiries sont très effacées et il est très difficile de dire à qui elles appartiennent. Seules quelques-unes nous montrent des parties représentant très nettement le blason des Potier ducs de Gesvres (Les Potier de Gesvres étant baron de Montjay et parrains des cloches) :
« Ecartelé au 1 d’argent au lion de gueules la queue nouée fourchée et passée en double sautoir (Luxembourg) au 2 d’azur à trois fleurs de lys d’or au bâton alésé de gueules péri en bande (Bourbon) au 3 d’or à la bande de gueules chargées de trois alérions d’argent (Lorraine) au 4 de gueules à la croix d’argent (Savoie).Sur le tout d’azur à trois mains dextres appaumées d’or au franc-quartier échiqueté d’argent et d’azur (Potier) à la bordure engrêlée d’or ».
On distingue assez bien, le lion rouge, les fleurs de lys jaunes coupées en oblique d’une bande rouge, la croix blanche sur fond rouge et la grille formant l’échiquier de l’écu central.
Louis Joachim Paris Potier, dernier baron de Montjay (1733-1794) a dû commander ce décor pour les obsèques de son père Léon-Louis Potier en 1774*, ce dernier était chevalier de l’ordre du Saint-Esprit et l’on distingue nettement sur la photo le collier avec la croix de cet ordre. (L’insigne de l’Ordre ressemble à une croix de Malte. Elle possède quatre branches, terminées par huit pointes boutonnées ; entre chaque branche se trouve une fleur de lys.)
*Léon-Louis Potier est duc de Tresmes, pair de France, marquis de Gandelu, de Gesvres, seigneur de Fontenay en Parisis et de Mareil-en-France et baron de Montjay. (La baronnie de Montjay était entrée, en 1623, dans la famille des Potier de Gesvres, à cause de la vente des terres de Montjay et Thorigny par le fils de François d’Angennes, seigneur de Montcouët et favori de Catherine de Médicis).
Il meurt le 28 décembre 1774. Il a épousé le 6 avril 1729, Eléonore-Marie de Montmorency-Luxembourg dont il a un fils Louis Joachim Paris. Ce dernier, duc de Gesvres et pair de France, dernier baron de Montjay est né le 3 mai 1733 au château de St Ouen. Il est nommé en 1758, gouverneur-général de l’Isle-de-France et de Montceaux puis lieutenant-général du pays de Caux et du bailliage de Rouen. Lorsque la Révolution éclate, il ne se résout pas à émigrer et se dépossède volontairement d’une partie de ses biens : sa galerie d’environ 600 tableaux au château de Gesvres. Il brûle ses livres et ses papiers et se dépense en dons patriotiques, déclare publiquement qu’il est un bon citoyen dévoué à la cause du peuple. Il a donné en 1793 la tour de Montjay à la commune de Villevaudé à condition de se servir des pierres pour refaire les routes de Montjay. Mais, il est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris et guillotiné le 7 juillet 1794. Il n’a pas laissé d’enfants de sa femme Françoise-Marie du Guesclin de La Roberie. Cette dernière qui survécut onze ans à son malheureux époux, était la dernière descendante du nom de Bertrand du Guesclin, le célèbre Connétable de France.