L’ancienne église
La première preuve de l’existence d’une église à Claye, est un texte de 1135 qui indique que le chapitre de Meaux possédait l’ancienne église de l’abbaye de Chaage et qu’il établit à Claye deux Augustins réguliers. L’abbaye de Chaage est collateur, c’est-à-dire qu’elle nomme les curés. En 1225 Guy de Chatillon, comte de Saint Paul, seigneur de Montjay et de Claye, fils de Gaucher 1er sénéchal de Bourgogne et arrière petit neveu du pape Urbain II, l’organisateur de la première croisade, fonda avec le consentement de sa femme Agnès de Donzy, une chapelle en son château de Claye, pour le repos de l’âme de ses parents. Il la fit desservir par un troisième religieux. Dans le même temps, il concède à perpétuité cette chapelle aux chanoines réguliers de l’abbaye Notre Dame de Chaage. Les trois religieux étaient établis dans le prieuré cure de l’ordre de Saint Augustin accolé à l’église. A cette époque, Claye faisait partie de l’archidiaconé de Meaux, doyenné de Dammartin, ce doyenné apparaît au 13ème siècle, mais son siège qui n’était pas fixé sera d’abord à Montyon, avant de se trouver à Dammartin. On ne trouve plus rien sur l’église de Claye, jusqu’aux guerres de Religion (16ème siècle). Le 6 novembre 1596, elle est incendiée par les ligueurs très endommagée, mais non détruite. Une découverte récente, dans les registres paroissiaux met à jour deux faits importants (Histoire de l’Eglise de Meaux, Dom Toussaint du Plessis, BMS 1667 et 1672) : En 1667, Madeleine fille de Louis Hébert, laboureur et procureur fiscal de Claye ‘’a esté enterré dans la vieille Eglise, qui sert d’entrée à la nouvelle’’ En 1672, Anthoine fils de Pierre Ourry, laboureur et cy devant procureur fiscal :’’a été enterré dans la vieille église qui est au devant de la nouvelle’’ Entre le 17 et le 18ème siècles, Claye aurait conservé deux Eglises, l’ancienne Eglise permettant d’utiliser ses cloches et d’y enterrer les familles de notables et la nouvelle pour les offices religieux. L’église actuelle Le clocher de section carrée, au toit en ardoise à quatre pentes, ne comporte qu’un seul étage avec abat-son. Le portail est bordé de motifs simples, surmonté d’une croix de pierre. Au-dessus, un fronton surbaissé, puis une pipe porte drapeau. Il n’y a jamais eu de cadran solaire. Suite aux travaux de réfection (après l’incendie de 1996), il a été trouvé en septembre 1998, la première pierre de la construction du clocher (du 15 mai 1733).
En pénétrant sous le porche, nous pouvons voir trois pierres tombales, une croix en fer et une cuve baptismale en pierre blanche. La plus grande a une longueur de 1,80 mètre et une largeur de 0,92 mètre. C’est la dalle qui recouvrait la sépulture de Claude Gaillardon, curé de Claye de 1702 à 1759. Elle est ornée d’une tête de mort avec des ossements en sautoir, le tout sur un champ de larmes. La deuxième pierre comprend une effigie de femme, les mains jointes, vêtue d’une robe à manches serrées, la tête couverte d’un voile, entourée de motifs de style gothique avec arcades en ogive trilobée, accompagnée de deux colonnettes avec des pilastres, deux anges agitant des encensoirs. Cette dalle ne comporte hélas ni date ni inscriptions lisibles. On peut penser qu’elles ont été effacées volontairement, lors des troubles religieux ou révolutionnaires. Cette pierre est supposée être du 14ème siècle. La troisième dalle provient de l’église de Souilly, elle porte en son centre un dessin représentant une femme, c’est une gravure très soignée. Cette femme est vêtue d’un costume qui semble être du 17ème siècle. Elle a les mains jointes, tenant un chapelet.
Les fonts baptismaux proviennent également de l’église de Souilly, la croix de fer appartenant aussi à l’ancien cimetière de cette localité.
Du côté gauche, sous le porche, un escalier permet de monter au clocher. Les trous au plafond sont des orifices destinés au passage des cordes servant à actionner les cloches. Bien entendu, depuis l’électrification du mécanisme de sonnerie des cloches, les cordes ne servent à rien. Les cloches ont été classées sur la liste des monuments historiques en 1942, pour empêcher les Allemands de les réquisitionner pour les fondre.
La chaire est une œuvre particulièrement remarquable du 17ème siècle. Elle est entièrement sculptée, nous trouvons sur les faces visibles ainsi que sur la rampe de l’escalier, des initiales et des rinceaux (les initiales pourraient être celles des marguilliers de cette époque). Au-dessus de la chaire, un abat voix en bois, sculpté, à la face inférieure de ce dernier, un nuage entouré de rayons, surmontant le tout un pot à feu enflammé.
La chapelle située à droite a été construite vers 1820 par les Polignac, pour recevoir sous une pierre tombale en ardoise noire le corps de Marie Adélaïde Victorine Mancini leur grand-mère, épouse de Louise Héraclius Melchior vicomte de Polignac, marquis de Chalençon, baron de Solignac, la Voulte, Saint Paulien, le Londe, sieur de Saint Genest, Claye, Craponne, l’Arzillière et Voisin, gouverneur du Puy, commandeur en Velay, (il s’agit de la fille de Michel Mancini, frère des Mazarinnettes, les nièces de Mazarin).
La tribune dans le fond de l’église semble avoir reçu dans le temps un orgue. On trouve en effet, au fond de cette tribune, une façade de buffet d’orgue portant des traces d’emplacement de tuyaux. On trouve également un très beau lutrin représentant un aigle aux ailes déployées en bois noir. Le 7 septembre 2007 l’orgue reconstruit a été inauguré dans notre église en présence d’Yves Albarello, député-maire et de nombreuses personnalités départementales. Monseigneur Albert Marie de Mauléon Evêque de Meaux a béni l’orgue. Yves Albarello a notamment déclaré : « Il y a des moments d’émotion que je qualifierais d’instants uniques comme celui que nous avons le grand privilège de partager aujourd’hui » Pour en arriver à cette inauguration, il a fallu une longue et difficile marche commencée en 1996 par Jean-Jacques Donze, qui a créé cette année-là, l’ACOR, pour mener à bien son projet de reconstruction d’un orgue. Les documents des Archives départementales et les restes de la boiserie trouvée sur le mur de la tribune, ont permis de connaître suffisamment les caractéristiques de l’ancien instrument pour permettre l’édification de cet orgue remarquable, composé de 1.305 tuyaux. L’orgue d’origine, d’après les documents trouvés, daterait du milieu du 18ème siècle.
La dépose des boiseries du chœur, lors de la remise en état, après l’incendie, pour un nettoyage général, a révélé, peints sur les murs, des écus armoriés. Ils forment une ‘’litre funéraire’’. Il était d’usage, avant la Révolution, de peindre sur une bande noire, les armoiries des seigneurs du lieu, au moment de leur décès. Il s’agit des armoiries des membres de la famille Ricouart d’Hérouville. Le sanctuaire est éclairé par deux vitraux, celui de gauche nous montre Saint Etienne, patron de l’église, en dalmatique de diacre portant dans sa main droite les pierres de la lapidation, dans sa main gauche la palme du martyre ; le vitrail de droite est celui de Saint Thomas de Canterbury patron de l’ancienne église de Souilly. Il est représenté sous la forme d’un évêque portant mitre et crosse et revêtu de l’aube, de la chasuble et de la chape.
On a souvent écrit que Claye a été longtemps un foyer du protestantisme, à partir du moment où la famille Anjorrant vient dans notre secteur. Le premier de la lignée, Louis en devient seigneur, grâce à son mariage avec Marguerite du Drac en 1498. La famille Anjorrant se liera par la suite, également par mariage avec les Budé, et plus tard, avec les Bèze, deux familles qui ont fourni, à la Renaissance, à la fois des humanistes et des grands du protestantisme. Pendant la seconde moitié du 16ème siècle, la région est ravagée par les guerres de religion. On sait que l’ancienne église de Claye, dont on ignore l’aspect, la structure et même l’emplacement exact, a été détruite en 1596. L’église actuelle, a été construite dans le début du 17ème siècle. Dans un article paru en 1909, on a affirmé que cet édifice a d’abord été un temple protestant. Si l’on admet que le clocher n’existe pas avant 1733, l’aspect intérieur du bâtiment correspond assez bien à la structure d’un temple protestant classique. Aujourd’hui, après les modifications apportées, suite à l’incendie de 1996, et au travail d’une commission destinée à améliorer l’exercice du culte, notre église dépouillée de ses grilles et stalles est assez proche d’un temple protestant. Toutefois, rien ne le prouve.
(Extrait du livre sur « Les églises de l’ancien doyenné de Claye » édité par la SHCE) |