L’église de Villevaudé est sous l’invocation de Saint Marcel pape, dont on célèbre la fête le 16 janvier. Saint Mathias est pris pour second patron, parce que l’anniversaire de la dédicace de cette église se célèbre le jour de sa fête, le 24 février.
Présentation
Entourée de ses cimetières, l’église se trouve à l’extrémité du bourg de Villevaudé, au fond de la vallée dominée par Montjay, distante de toute habitation jusqu’au début du 20ème siècle.
A l’époque médiévale, à l’emplacement de la commune actuelle de Villevaudé, il y a deux paroisses, celle d’Ozoir (ou Oroir, oratorium, oratoire) et celle de Montjay, Villevaudé n’étant qu’un hameau d’Ozoir. A la fin du 12ème siècle, Villevaudé se substitue à Ozoir en raison de la renommée de ses premiers seigneurs tels que Pierre de Villa Wolde cité en 1166 dans une charte de Maurice de Sully, évêque de Paris puis Barthélémy de « Villavodé » en 1230 et Robert de « Villevaudé » chevalier en 1264.
Saint Marcel est le lieu où se trouve l’église dans un vallon contigu à Villevaudé. Jusqu’au 19ème siècle, il n’y avait que l’église, l’école et le presbytère. Sur les plans, cartes, plan d’Intendance réalisés avant la Révolution, c’est le nom Saint Marcel qui est mentionné en gros caractères.
Actuellement le village de Villevaudé est composé du bourg de Villevaudé avec l’église et le cimetière, du hameau de Montjay-la-Tour avec la mairie et les écoles et du hameau de Bordeaux.
L’église Saint-Marcel de Villevaudé a été construite au 13ème siècle sur les fondations d’une autre église ou chapelle existant déjà au 10ème siècle. Une restauration ou une reconstruction complète a été réalisée au 16ème siècle laissant à cette nouvelle église peu de traces antérieures.
L’église d’Ozoir, fait partie vers 1205 du doyenné de Montreuil-sous-Bois, puis vers le milieu du 13ème siècle du doyenné de Montfermeil et au 16ème siècle sous le nom d’Ozoir, du doyenné de Chelles. Jusqu’à la Révolution, la paroisse St Marcel appartient à la Généralité de Paris, au diocèse de Paris et au doyenné de Chelles avec comme collateur le Prieur de Gournay. Après la mise en application de la Constitution Civile du Clergé de 1790 que Villevaudé fait partie du doyenné de Claye et du diocèse de Meaux. A l’heure actuelle, St Marcel appartient toujours au diocèse de Meaux puisqu’il correspond au département de Seine et Marne lui-même divisé en quatre vicariats. La paroisse fait partie depuis 2008 du vicariat Ouest et du pôle missionnaire de Chelles.
Description
Dans ses dispositions actuelles, l’église possède une nef à collatéraux, un chevet plat, deux travées de chœur et quatre travées de nef précédées par une travée couverte d’une tribune dans la partie centrale du bâtiment, une chapelle de chaque côté du chœur, la chapelle de la Vierge et la chapelle St Vincent.
La toiture, à deux pentes, couvre l’ensemble de l’église, celle du chœur étant légèrement surélevée. Les travées sont contrebutées par des contreforts.
Les voûtes de la nef sont portées par des piliers rectangulaires, celles du chœur sont portées par quatre piliers cylindriques et par des colonnes engagées.
Tout au long du 19ème siècle, de nombreux travaux de réparation et d’embellissement ont été effectués. Outre les importants travaux sur le clocher et la création de vitraux, des travaux de consolidation ont été faits. Au début du 20ème siècle, sont réalisés la consolidation du clocher, la réparation de la toiture, l’assainissement des murs et la restauration des litres funéraires.
Le Clocher
Jusqu’au 19ème siècle, le clocher se trouve dans la première travée du bas-côté sud du chœur. Il est démoli en 1864, en raison de son état vétuste et est reconstruit après 1888 à l’emplacement de l’école des garçons, une nouvelle école ayant été construite à Montjay.
Si l’on compare un ancien dessin de l’église, datant de 1843, avec des cartes postales du 20ème siècle ou des photographies, on peut constater que le clocher reconstruit à la fin du 19ème siècle, en charpente sur soubassement en maçonnerie de pierre, non pas au même endroit, mais devant la façade occidentale, contraste désagréablement avec les volumes de l’église du fait de sa hauteur insuffisante.
L’église de Villevaudé, bâtiment riche d’Histoire
Entre 1620 et 1784, les registres paroissiaux nous indiquent qu’environ une centaine de personnes se sont fait enterrer dans l’église de Villevaudé. Certains noms sont gravés dans la pierre car des dalles funéraires existent encore de nos jours :
– Une dalle dont les caractères sont pratiquement totalement effacés mais dont on pouvait lire l’inscription jusqu’au 19ème siècle rappelle le souvenir de Claude Lefebvre, décédée le 16 janvier 1672 à 25 ans, et de son père, Claude, marchand à Montjay, mort six jours après.
– Une autre dalle beaucoup mieux conservée, datée de 1664, est maintenant inscrite aux registres des Monuments Historiques. On peut lire : « Demoiselle Denise Favereau, femme de Monsieur Doulcet, conseiller du Roi, naguères son avocat général aux requêtes ordinaires de l’Hôtel, décédée le 24 septembre 1664. »
Deux autres dalles funéraires ont celles de seigneurs de Villevaudé :
-Une dalle de 1623 où il n’y a qu’un seul personnage avec cette inscription qui entoure la plaque : » Cy gist noble Guillaume-Aguenin vivant conr du Roy et correcteur ordinaire en sa chambre des comptes à Paris, lequel est décédé en sa Maison de Montjay le XIIII jour de septembre Mil six cens vingt trois Age de Soixante dix ans. »
– Une dalle du 16ème siècle représente, en un dessin très oblitéré, deux personnages en habit d’époque. L’inscription rappelle que là est la sépulture de Guillaume Aguenin (écuyer) dit le Duc seigneur des Favrieux et de … et sa veuve Marie le Berruyer qui mourut le 26 octobre…
-Une autre plaque funéraire appuyée contre un mur de l’église certainement récupérée de l’ancien cimetière car elle date du 19ème siècle : Jean Laurent Robquin, ancien instituteur de Villevaudé (1826-1848) décédé à Brou, à 88ans, le 1er mars 1884 et enterré avec sa fille et sa femme décédées en 1864.
Les cloches
Le 17 novembre 1623, le curé Volleme bénit les trois cloches de l’église St Marcel de Villevaudé en les baptisant du nom de leur marraine « toutes trois damoiselles de Villevaudé et épouses de bourgeois de Paris ». La petite dont le parrain est Pierre Aguenin dit le Duc est appelée Catherine, la moyenne Marguerite et la grosse se nomme Denise, du nom de Denise Mathieu, damoiselle de Villevaudé, héritière par ses parents de la seigneurie de ce lieu. Comme le signale, Monsieur le curé, les noms des parrains et marraines sont inscrits sur les cloches.
En 1773, trois nouvelles cloches sont bénies dont les parrains et marraines sont « Les Potier de Gesvres » barons de Montjay.
Le 30 octobre 1792, Villevaudé doit descendre ses cloches pour les déposer comme les autres cloches des églises du canton au port d’Annet-sur-Marne pour être embarquées à Paris.
Une seule a dû être conservée peut-être la plus petite et la plus ancienne. Le 19 mai 1826, M. Osmond-Dubois, fondeur de cloches au Puy, établit un devis pour deux cloches, une de 600kg, l’autre de 400kg avec reprise de la cloche cassée de 370kg. Une seule cloche sur les deux du devis est remontée dans le beffroi en 1827. Son diamètre est de 100 cm et elle pèse environ 600kg. La seconde cloche fondue ne sera pas remontée et sera vendue par Osmond-Dubois qui avait réclamé plusieurs fois à la municipalité d’être payé pour ses cloches.
Une cloche est toujours présente au clocher de Villevaudé, bien qu’on ne l’entende jamais.
Le chemin de croix
Les quatorze tableaux du chemin de croix sont en plâtre, très colorés. Ils datent du 19ème siècle. « Le 18 Août 1868 permis à M. Fassier de Villevaudé d’ériger un chemin de croix dans l’Eglise de Villevaudé ».
ls ont été repeints en 1981 par l’AREEV (Association pour la Rénovation et l’Embellissement de l’Eglise de Villevaudé). Très figuratifs et très naïfs, ils sont sans grande valeur mais ils ont l’avantage d’être très explicites. Le chemin de croix se trouve toujours aux mêmes endroits dans l’église.
Les vitraux
En juin 1973, l’édifice est soumis à une enquête par le service de l’Inventaire général des Monuments et des Richesses artistiques de la France. Quatorze baies sont recensées garnies partiellement par des vitraux peints datant de la fin du 19ème siècle.
Le vitrail de la façade ouest représente Saint Marcel pape.
Les treize autres baies représentent :
-dans le bas-côté sud : Saint-Sosthène ; Saint Pierre ; Sainte Berthe ; Saint Marcel ; Saint Adrien et Saint Vincent ;
-dans le bas-côté nord : Saint Adolphe ; Sainte Geneviève ; Saint Joseph ; Sainte Elizabeth ; Saint François-Xavier et Notre-Dame de Lourdes.
-au chevet : Jésus parmi les enfants.
Ils seront tous restaurés ou remplacés à la fin du 20ème siècle.
L’église Saint-Marcel n’est pas protégée au titre des Monuments Historiques.
Comme dans beaucoup d’églises, pour différentes raisons (vols ou dégradation par le temps, travaux), beaucoup d’objets du culte ont disparu. On ne retrouve plus, à la fin du 20ème siècle, tous les objets répertoriés dans les inventaires de 1906 et de 1973 (la chaire, les bancs seigneuriaux, les lustres, …), les pierres tombales ont été effacées. Le lutrin avait déjà disparu à la fin du 19ème siècle. Suivant l’abbé Leboeuf, il y avait au milieu du 18ème siècle, devant le lutrin, la pierre tombale d’un seigneur de l’an 1500 environ. Elle n’existait plus au milieu du 19ème siècle.
Grâce à l’organisation de concerts dans l’église par l’AREEV, à la vente de calendriers et aux dons des habitants, mais aussi aux organismes officiels comme le Conseil Général et la Commune, de nombreux travaux ont pu être effectués.
Entre autres, ont été réalisés:
-la rénovation de l’autel Saint-Vincent, et de la statue de la Vierge
-la restauration en atelier d’une toile du 17ème siècle, du Christ de l’autel, et du vitrail du chœur
-le relèvement des pierres tombales
-la création du vitrail Saint-Marcel
Certaines parties du mobilier sont maintenant protégées car elles sont inscrites depuis 1982 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, comme :
-Fonts baptismaux en pierre, cuve 18ème siècle, fût 17ème siècle.
-L’Adoration des Mages, toile peinte, 17ème siècle.
-Dalle funéraire de Denise Favereau décédée le 24 septembre 1664.
(Extrait du livre « Les églises de l’ancien doyenné de Claye » édité par la SHCE.)