Le 21 juin 1938 eut lieu une perquisition au « château de Gressy ». Louis-Théodore LION avait hérité de cette propriété suite au décès de son beau-frère Jean Cazenave prématurément décédé. (Il s’agit de la demeure à côté de l’église).
LION était domicilié rue de la Pompe à Paris. Il était également propriétaire d’un restaurant de luxe à Paris, au 39 rue Boissy d’Anglas. Ce restaurant lui servait en fait de couverture. C’est aussi là, auprès d’une clientèle aisée qu’il pouvait écouler une partie de ses colis de cocaïne, d’opium, de morphine et autres substances. Il mène alors grand train, ses affaires prospérant, pas seulement sur la place de Paris mais également aux Etats-Unis, son principal débouché.
La marchandise, le plus souvent en provenance de l’est de l’Europe, était transformée dans son officine du faubourg Saint-Honoré, dans laquelle il employait deux chimistes bulgares. Mais une explosion accidentelle eut lieu, en mai 1935, dans ce laboratoire ; l’un des deux chimistes avait allumé inopinément une cigarette…
LION n’eut pas d’autre choix que de faire venir à Gressy ses complices, gravement brûlés, pour y recevoir les soins prodigués par un docteur « PAPPO ». La police et la justice commencèrent à s’intéresser à ce monsieur LION, mais celui-ci, peut-être grâce à des relations dans la police (il avait travaillé pour l’espionnage français pendant la 1ère guerre), s’en sorti alors avec un non-lieu.
Mais l’affaire rebondit après le printemps 1937 lorsqu’un prisonnier de Sing-Sing de New-York entreprit de se suicider, non sans avoir laissé sous sa paillasse des preuves compromettantes sur les secrets du trafic international de la drogue et notamment sur notre sieur LION…
Louis-Théodore LION, acquitté, faute de preuves lors d’un premier procès, finit cependant par être condamné, à une peine qui peut sembler pourtant bien dérisoire :
le journal « l’Œuvre », du 3 février 1940, rend compte de la condamnation intervenue la veille, du restaurateur châtelain « Louis-Théodore Lyon ». Arrêté sous l’inculpation de fabrication, détention et trafic de stupéfiants, Lion est condamné à 2 ans de prison, 10.000 francs d’amende et 5 ans de privation de ses droits civiques.
Le journal PARIS-SOIR, du 21 juin 1938, nous relate la perquisition intervenue le jour même au château : il s’agissait alors d’en fouiller le parc pour retrouver d’éventuels stocks de drogues ou de documents compromettants (preuves qui auraient eu tout le temps d’être déménagées). Également, faire venir le docteur PAPPO pour qu’il confirme que c’était bien dans cette demeure qu’il était venu soigner les deux brulés. Ce qu’il fît sans hésitation.
Les journalistes de Paris-Soir nous livrent aussi les conditions dans lesquelles ils furent accueillis : l’avocat des époux LION les avait mis en garde sur la présence de chiens qui pourraient être lâchés, sur la présence d’un système d’arrosage et de pompes à incendie, qui entreraient bien vite en action pour les accueillir.
Mme LION est prête, cependant, à accepter la venue de photographes dans son parc : « ils pourront prendre tous les clichés qui leur plairont, à condition d’offrir 50.000 francs aux bonnes œuvres de la commune ! »
Il est regrettable, dans ces conditions, que Gressy ne compte que bien peu d’habitants et que l’un d’eux nous ait affirmé: « Nous sommes cent, mais il n’y a pas un seul pauvre. »
Alain Pérez