La disposition des pièces dans la maison de Mac Orlan, à St Cyr, contraint à limiter le nombre de visiteurs. Pour ce faire, nous nous sommes divisés en deux groupes. Cette disposition est restée pour les autres musées, ce qui a permis une proximité très conviviale avec les conférenciers. Malheureusement, au musée de la Grande Guerre, d’après certains, une conférencière était plus agréable que l’autre.
Le musée de la Seine-et-Marne, à St. Cyr-sur-Morin, est situé dans l’ancien Hôtel Moderne qui appartenait à la famille Guibert. Le dernier propriétaire, Pierre, avait collectionné au cours de sa vie d’hôtelier plus de deux mille outils de la plupart des métiers briards. Le département de Seine-et-Marne était intéressé par cette collection ethnographique unique. Pierre Guibert, à sa retraite, n’ayant pas trouvé de repreneur pour son activité, a accepté de céder sa collection au département de Seine-et-Marne à la condition qu’elle reste dans son ancien hôtel-restaurant qui a été conservé. Ce musée qui s’est appelé des Pays briards se nomme maintenant Le Musée de la Seine-et-Marne, voulant ainsi s’élargir à l’ensemble du département.
On y présente, au rez-de-chaussée, qui a été agrandi, les outils, essentiellement manuels, de l’agriculture, de l’élevage, de la vigne, très importante au XIXème siècle dans notre région, ainsi que de l’artisanat villageois.
À l’étage deux salles sont consacrées au fonds Mac Orlan qui ne peut être conservé dans la maison même de l’écrivain. De nombreux manuscrits, affiches, présentation de livres, et des audiovisuels présentent son œuvre. Une autre salle reçoit des expositions temporaires.
Les deux guides de ce musée, ne pouvaient, en une heure, nous faire tout visiter. Ils se sont concentrés sur certaines activités l’agriculture, la fabrication des fromages de Brie qui a entraîné une grande discussion sur le Coulommiers auquel autrefois on ajoutait de la crème, à la différence du Meaux et du Melun.
Si nous avons vu la photo de M. Courtier de Villeroy présentant un bâton de berger, celle de M. Laurent de Charny devant ses attelées de chevaux avait disparu. On ne présentait plus que des attelages de bœufs, ce que nous avons regretté. C’est vrai qu’au début du XIXème siècle beaucoup de fermes avaient recours aux bœufs pour faire les travaux de force. Mais les plus anciens regrettaient l’absence de présentation d’attelages de chevaux qui primaient dans notre jeunesse.
La maison de Mac Orlan nous a tous conquis tant par les conférenciers qui ont su nous faire revivre l’écrivain que par les lieux mêmes où sa présence était encore palpable.
Cette maison fut acquise en 1913 par sa belle mère pour y loger les jeunes époux qui venaient de se marier. Elle servit de maison de campagne pendant un certain temps, puis les Mac Orlan y vécurent complètement. Ce sont eux qui l’ont aménagée dans une ancienne bricole (terme régional qui désigne une petite ferme). A sa mort, Mac Orlan l’a léguée à la commune de Saint-Cyr avec l’intégralité des meubles et objets ainsi que sa bibliothèque et tous ses documents.
Tout est resté tel qu’habité le jour de son décès. On y voit son bureau très encombré et ses pipes, les objets qui lui étaient des souvenirs, entre autre une énorme rose des sables, une selle de méhari, un casque colonial. Autres souvenirs, attachés à son pseudonyme, de nombreux tam colorés abandonnés un peu partout et un sporran. Le tam est la coiffure traditionnelle écossaise et le sporran (la bourse en peau avec des franges qui sert de poche au kilt). Pierre Dumarchet avait pris comme pseudonyme Mac Orlan pour se donner un genre écossais. En fait, le mot Orlan était un souvenir de la ville d’Orléans où il avait passé sa jeunesse, chez son oncle, après le décès précoce de sa mère. Il cultivait ce genre, étant toujours coiffé de ce grand bonnet rond que les écossais portent un peu à la diable.
La visite est précédée par un diaporama dans lequel Pierre Guibert, le restaurateur de l’hôtel Moderne raconte son ami. La visite des pièces de la maison est soutenue par la voix de Mac Orlan qui intervient de temps à autre. De plus, le deuxième groupe, avec lequel se trouvaient M. et Mme Courtois, a eu le privilège de quelques anecdotes sur Mac Orlan qu’ils connurent pendant trois ans, M. Courtois ayant été instituteur, à ses débuts, à Saint-Cyr.
La présentatrice de cette maison, passionnée de l’écrivain fut si passionnante que nous dûmes écourter le déjeuner pour rattraper le retard !
Déjeuner fort agréable à l’Auberge du Petit Morin à l’entrée de La Ferté-sous-Jouarre qui nous a permis d’échanger d’agréables propos autour de tables rondes propices aux conversations.
L’arrivée au musée de Meaux est toujours surprenante, même pour ceux qui l’ont déjà vu. Le bâtiment, futuriste, s’insérant dans la colline et le panorama qu’il fait découvrir sur la vallée de la Marne, est très beau par sa simplicité.
On entre tout d’abord dans une première petite salle consacrée à la guerre de 1870 et à l’avant 1914. En ce temps de l’Europe, on n’y parle plus trop de la revanche et de l’amputation de l’Alsace Lorraine, ainsi va l’Histoire.
La vie militaire en France au début du XXème siècle est un peu édulcorée. Mais il ne faut pas oublier que ce musée a été bâti pour abriter une extraordinaire collection d’une quarantaine de milliers d’objets réunis par un collectionneur exceptionnel, M. Jean-Pierre VERNEY. Ce dernier, désirant, à sa retraite, se défaire de sa collection sur la guerre 1914/1918 a eu l’opportunité de rencontrer le maire de Meaux. Celui-ci a compris l’immense parti que l’on pouvait tirer de cette collection en érigeant un nouveau musée pour l’accueillir.
Ce musée n’est pas fait, comme le dit Marc Ferro dans l’introduction du catalogue, pour situer ces objets dans l’histoire. La disposition des salles, la présentation des objets et documents, la mise en scène sont guidées par le concept d’un nouveau regard sur 14-18.
Une grande pièce principale abrite camions, canons, avions et chars de combats qui n’étaient pas dans la collection d’origine mais furent prêtés par d’autres musées. Elle symbolise les deux batailles de la Marne, celle de 1914 et celle de 1918. Elles sont séparées par la reconstitution de deux tranchées, l’une allemande et l’autre française. On s’aperçoit que l’ennemi, n’étant pas chez lui, s’installe durablement, selon l’organisation germanique. Tandis que du coté français, on espère ne pas rester sur place pour foncer vers l’avant, de ce fait on s’aménage plus sommairement.
Pour entrer dans cette grande salle, le visiteur accompagne dans leur montée au front, vêtu comme en 1914, les militaires français, anglais et allemands qui sont en situation dynamique dans les vitrines que l’on traverse littéralement par d’étroits passages. Les uniformes se remarquent d’autant mieux que les mannequins sont blancs avec des visages très expressifs. Certains sont, parait-il, des meldois.
Dans les salles de gauche en entrant on se trouve dans une cagna (abri enterré) française, puis dans une allemande. Des films avec un bruitage très réaliste vous immergent complètement dans la guerre de tranchée.
À droite, de nombreuses salles plus grandes et qui se suivent vous font participer à la vie de cette période sur des thèmes particuliers, comme l’aviation, le camouflage, la marine, le rôle des femmes pendant la guerre, les blessures et leurs soins, les américains, la mondialisation du conflit, la mobilisation de l’arrière, etc. Dans un espace réservé à la vie du soldat, on y découvre les objets du quotidien et ceux créés par le soldat dans ses moments de repos. C’est une importante collection d’œuvres d’art, toujours originales, parfois très réussies, réalisées par les soldats à partir de matériaux trouvés sur place. L’utilisation artistique et l’usage très pacifique de douilles et fusées d’obus laisse songeur sur la finalité de la guerre.
A la sortie, l’on retrouve, dans le même type de vitrines qu’à l’entrée, d’autres mannequins, vêtus comme en 1918, de tous les belligérants, qui s’en sortent avec les visiteurs vers la paix retrouvée. Celle-ci est évoquée dans la dernière salle qui se ferme sur le questionnement de l’avenir.
La présentation est si vaste et si passionnante qu’en quelques heures la visite n’a éclairé que certains aspects du musée, d’autant plus que des films et des bornes audiovisuelles se présentent pour faire revivre les évènements.
Cette synthèse a été néanmoins suffisante pour prendre conscience de l’intérêt majeur du Musée de la Grande Guerre et donner envie d’y revenir plus longuement afin de le mieux détailler.
Si vous n’avez pu nous accompagner dans ce périple des trois musées, proches de chez nous, n’hésitez pas à les visiter, cela vaut le détour.